Cette installation qui peut s’appréhender comme un diptyque, donne à voir en premier lieu une vidéo qui est projetée sur un immense voile translucide de 6 m x 4 m environ. Il s’agit d’un tracé de piste sur le continent Antarctique, une vue de l’intérieur d’un véhicule. Cette impression d’un tapis qui se déroule, d’une surface vierge déflorée irrémédiablement par la lame du chasse neige, rappelle la fragilité et mouvance de cette glace, qui contient l’histoire des climats de notre planète. Une ombre massive couvre le bas de l’image, construite comme un paysage urbain hors d’échelle et éphémère, un paysage qui ne dure que le temps d’un été austral et qui se renouvelle chaque année.
C’est en passant derrière le rideau que l’on découvre une installation faite de boites hermétiques alimentaires translucides reliées les unes aux autres par des câbles électriques noirs, qui représentent une sorte de cartographie des stations en Antarctique. Un seul petit container est rempli d’un liquide jaune, du gasoil, qui peut faire penser aussi à nos déchets humains.
A la périphérie de cette île translucide, des minis lecteurs dvd diffusent une vidéo effectuée à l’intérieur des stations mobiles françaises, qui est un ensemble de petits prélèvements numériques bruts.
Ce projet porte sur l’importation d’une culture, du statut de la femme aujourd’hui, d’une utopie qui devient une sorte de réalité, et qui donc commencent à disparaitre, d’une urbanisation discrète, inconnue mais très politique, et des risques que la science soit remplacée par la logistique puis par d’autres intérêts énergétiques.
Ulrike Kremeier. Extrait de la notice de l’exposition

Soutenu par l’Institut polaire Paul Emile Victor, le Conseil Général du Finistère, Cultures France villa Médicis Hors les murs, Ecole Nationale supérieure d’architecture de Bretagne