Damien
Rouxel

MÀJ . 17.09.2024

Être équin

Performance filmée, 24 min, avec l’aide d’Aurélie Berlet, 2021

« Nous nous fixons l’un l’autre.
Je reconnais la crainte, l’agacement et votre méfiance. 
Vous dîtes de moi que je suis malade. (…)
Eux m’acceptent lorsque je me fond dans le décor. 
Pour faire partie du troupeau, j’adopte leurs comportements. (…)
Il ne faut pas contrarier ma nature. Ne pas chercher à me dompter. 
Plus vous cherchez à me retenir, plus je vous fuis.
Et chaque jour qui passe, je me rapproche un peu plus d’eux. 
Je vis mon rêve. 
Être équin. »

Teaser : Être équin, 2021
Performance filmée, 24 min, avec l’aide d’Aurélie Berlet

Captures de la performance

« (…) On se retrouve alors à suivre Damien Rouxel franchissant les portes du Manège des écuyers, torse-nu et aux pattes enveloppées d’un simple pantalon de cavalier noir. Lavé de tout, on vit alors pleinement l’expérience, celle d’emprunter totalement la respiration, la peau, le pouls de l’équidé. Chaque minute compte pour vivre pleinement : la solitude, l’isolement, l’agacement du vol narquois de la mouche, l’oppression du bandage, les pics et tiraillements de la crinière dans le pion. Et alors, on se prend à savourer le sable sous nos sabots plutôt que le foin, la marche plutôt que l’immobilité - quand bien même elle se doit d’être au pas, orchestrée. On mesure malicieusement combien le cercle du manège nous libère du carré du box. Marcher, marcher en rond, faire un faux-pas - pour oser, pour tester - puis docilement courber l’échine, accepter cette domination humaine pour pouvoir revenir, chaque jour ici, marcher, marcher en rond, en rythme sur le Boléro de Ravel, et admettre clairement que - successivement - la flûte, la clarinette et le hautbois prendront - pour nous - le dessus sur le rythme quasi-militaire de l’ostinato.

Jouer le jeu du dressage parce que c’est la vie qu’on nous concède. Et alors que l’on est autorisé à trotter, que la vitesse nous saisit, nous fait vibrer, que le manège tourne, encore et encore, que ça y est, dans la résille de la vitesse du galop, on ne le voit plus ce foutu humain, castrateur-bourreau, alors on ose enfin s’abandonner à l’humidité totale et entière de nos yeux, laissant s’extraire avec délectation l’essence- même de notre corps et de notre coeur oppressés.

C’est précisément cette folle expérience que nous offrent Damien Rouxel et la réalisatrice Aurélie Berlet dans l’oeuvre vidéo “Être équin”, pièce maîtresse de l’exposition “Echappé(es)” au centre d’art Bouvet- Ladubay.

Alors que l’homme-cheval-héritier bondit hors de portée, dans des glissandi exagérés par les cuivres, on se réveille de ce splendide rêve. (…)

Elen Cornec, Jouer au petit cheval, 2021

Dans le cadre de la résidence Artcheval porté par le Comité équestre de Saumur, la maison Bouvet-Ladubay et l’Abbaye de Fontevraud.

Damien Rouxel © Adagp, Paris