Damien
Rouxel

MÀJ . 17.09.2024

Là bas d’ici

Loudéac
Diversité, solidarité, rencontre et partage
Photographies numériques, dimensions variables, 2022 
Là bas d’ici-Hors les murs, créations sur le centre Bretagne, ODCM - CAC SUD 22

Le groupe de Loudéac a souhaité mettre en lumière une caractéristique immatérielle du territoire : la diversité. Celle-ci se traduit par des lieux et des temps de rencontres, de partages, de convivialité, ferments de la solidarité – à la fois réelle et désirée. Damien Rouxel a pu rencontrer les membres des différentes associations et les a invités à constituer une grande ronde en installant ses panneaux en cercle.

L’artiste est le maître de cérémonie, grimé en Arlequin et avec sa cotte de travail, parfois accompagné de ses parents. Il emprunte des scènes de repas, de danse, de rencontre à l’histoire de l’art pour rendre hommage à chacune des associations.

Prétexte à se réunir, la fête est certainement une activité bretonne soutenue. Ici, La Fête du Pain prend des airs de solidarité en rejouant le dernier repas du Christ. Pour celle du Cheval, les cavaliers deviennent eux-mêmes des chevaux ! Des enfants dansent. Les matchs hebdomadaires de football sont des occasions de venir à la rencontre de celles et ceux qui ne jouent pas, mais partagent un verre et une galette-saucisse. Lors de la Fête de Saint-Martin, l’on rejoue la scène, ô combien synonyme de solidarité, où le saint découpe son manteau en deux pour le partager avec un nécessiteux.

Les coutumes prennent aussi des airs de fêtes. La communauté roumaine de Loudéac a prêté ses incroyables masques à Damien Rouxel pour un sublime carnaval. Un pardon fait la synthèse des trois projets de l’artiste où l’on retrouve des personnages également présents à Trémorel et à Saint-Caradec.

Célébrer la diversité c’est aussi visibiliser les personnes en situation de handicap, les femmes ou la communauté LGBT. Ainsi, le sulfureux tableau d’Édouard Manet, Le Déjeuner sur l’herbe, est réinterprété par Damien Rouxel qui prend le rôle de la femme nue, entre deux hommes vêtus, et qui ose remployer le triangle rose qui distinguait les homosexuels dans les camps de concentration. N’oublions pas que veiller à la diversité reste un combat permanent.

Loudéac, Là bas d’ici, Eric Foucault, 2022

De gauche à droite : Arlequin, Carnaval, Sur l’herbe, Fête du cheval, Football, Les boulangers peseurs, Procession, Saint Martin donnant son manteau, Bal Breiziloù

Saint-Caradec
Diversité, solidarité, rencontre et partage
Photographies numériques, dimensions variables, 2022 
Là bas d’ici-Hors les murs, créations sur le centre Bretagne, ODCM - CAC SUD 22

Le groupe de Saint-Caradec a demandé à Damien Rouxel de mettre en lumière les personnes qui ont façonné le territoire ou participent à lui donner une identité. Afin d’éviter le portrait officiel, l’artiste a choisi de passer par l’autoportrait et l’iconographie religieuse où chaque personnage est doté d’un attribut révélant son action.

Fulgence Bienvenüe, le père du métro, né au pays, prend des airs de Saint- Jacques avec son long bâton surmonté du fameux M jaune. L’artiste Jeanne Malivel s’inscrivait dans un art sacré et païen, bretonnant, mais sans biniouserie ; elle est vue par Damien Rouxel comme une figure féministe entourée d’œuvre dont la cavalière (incarnée par la sœur de l’artiste) dans un paysage breton. Alexandre Léauté, champion paraolympique de cyclisme, arbore ses médailles et fait la fierté du Centre Bretagne ; mais pas seulement lui, car Henri Caresmel, instigateur de la pratique cycliste à Loudéac et tragiquement décédé d’un accident de vélo, tient une roue, objet de son supplice. Saint-Michel terrassant un cochon figure les frères Guérin, à qui l’on doit l’abattoir le plus important du territoire. Un pèlerin recouvert de partition rappelle Alain Le Noach, qui a récolté les chansons de l’Oust, passant d’une maison à l’autre.

Si certaines personnes sont en effet incarnées, Damien Rouxel a également souhaité représenter des types de personnages plutôt que des individus – les travailleurs de la rigole d’Hilvern, les fileuses… de lin, valorisant ainsi le travail collectif et ne sombrant pas dans le stakhanovisme ou la glorification.

Enfin, sur le panneau d’appel, Damien Rouxel personnalise le Centre Bretagne avec son uniforme constellé des blasons des différentes communes.

Saint Caradec, Là bas d’ici, Eric Foucault, 2022

De gauche à droite : Alexandre Léauté , André Glon, Centre Bretagne, Dr Etienne, Fileuses, Les Frères Guérin, Fulgence Bienvenüe, Henri Caresmel, Jeanne Malivel, Jeanne Malivel (graveuse), Kader Benferhat, Les Cueilleurs de l’Oust (Alain Le Noac’h et Marc Le Bris), Paul Féval, Travailleurs de la rigole d’Hilvern, Victor Boner

Trémorel
Le bâti et nos façons de vivre le paysage
Photographies numériques, dimensions variables, 2022 
Là bas d’ici-Hors les murs, créations sur le centre Bretagne, ODCM - CAC SUD 22

Comme leur commune est en pleine expansion d’habitations, le groupe de Trémorel a choisi de s’intéresser au bâti du territoire de LCBC, entre les constructions traditionnelles et les différentes typologies de pavillons de ces quarante dernières années. Ainsi, d’une décennie à l’autre, les architectures transforment profondément leurs environnements. Demeurent alors des légendes ou des traces infimes des activités passées. Plus que le bâti, ce sont ses occupants qui ont intéressés Damien Rouxel, qu’ils soient fictifs ou qu’ils aient existé. Ne dit-on pas qu’un bâtiment est un autoportrait de son occupant ? Fantômes et figures carnavalesques sont alors invoqués pour raconter ces intimités.

Devant des maisons ayant l’air abandonnées, l’artiste réalise des photos de famille dont les membres jouent aux fantômes. Mais ce sont des fantômes fantaisistes, car parés de rideaux et de draps fleuris des armoires de grands-mères. L’enfance et l’espace domestique sont ainsi convoqués devant des maisons aux multiples facettes. Par ailleurs, à Trémorel, de vieilles photos de la commune pavoisent les vitrines de magasins fermés. On y voit plus des silhouettes que des portraits, avec une forte présence du vêtement. Damien Rouxel détourne ces hommages avec ses personnages chamarrés, une manière de dédramatiser l’exode rural par la gaieté.

Si la thématique imposée était le bâti, force est de constater que ces constructions établissent les paysages. Aussi, Damien Rouxel a souhaité porter un regard poétique et amusé sur le pays en perpétuelle transformation. Le carnaval est justement prétexte à se transformer : un personnage récurrent, reconnaissable à sa cotte de travail, enfile masques après masques pour raconter ces interactions entre l’homme et le paysage. (…)

Trémorel, Là bas d’ici, Eric Foucault, 2022

De gauche à droite : Les Trois Moineaux, L’abbateur, Bosméléac, Glaneur, RN 164, L’homme-arbre
Photographies numériques, dimensions variables, 2022.

Apparitions
photographies numériques, dimensions variables, 2022

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Photos : Damien Rouxel

Damien Rouxel © Adagp, Paris