Damien
Rouxel

MÀJ . 17.09.2024

Le crépuscule du Centaure

Moulage en plâtre avec couverture sur camouflage en cuir, 2021

Vue de l'exposition L'Héritier, Artcheval, Centre d'art Bouvet-Ladubay, Saumur, 2021

Photo : Simon Benteux

Nous ne sommes pas seul.e. Une partie est en cours. Un pion surdimensionné nous fait face. Sa base circulaire est couverte d’un camouflage (motif rencontré à de nombreuses reprises pendant mon immersion) en cuir, réalisé à partir des chutes récupérées dans les selleries. Au trois couleurs généralement utilisées (marron, camel et noir) pour la réalisation d’une selle, ce socle ne fait que confirmer son caractère militaire. Une tête à la carnation humaine et des pattes aux sabots vernis, voici ce qu’il nous montre lorsque l’on rentre dans son espace. Une chemise-armure cache le reste de son corps. Est-ce un cheval de guerre qui se dresse devant nous ou le cheval de Troie et ses hommes qui font illusion? À notre approche, quatre mains se dessinent et un visage apparaît. Cet homme est un cheval, ce cheval un homme. Quand on pense la relation de l’homme avec le cheval ou du cavalier avec sa monture, la figure mythologique du centaure en devient sa représentation. Mais ici, rien n’est véritablement animal, tout semble artificiel. Les corps se contorsionnent, se portent pour créer l’illusion et tromper le regard. Comme au carnaval, le jeu et le détournement des formes permettent de créer de nouvelles images/apparitions dans son réel. Cette statue équestre d’un nouveau genre semble fixer un instant, dans un mouvement. A la frontière, la transformation en cours, on ne sait si cet homme, centaure-cheval de Troie, enlève ou met sa cagoule de cheval ; le crépuscule du centaure.

Extrait de Métamorphoses équines, Damien Rouxel

Dans le cadre de la résidence Artcheval porté par le Comité équestre de Saumur, la maison Bouvet-Ladubay et l’Abbaye de Fontevraud.

Damien Rouxel © Adagp, Paris