Bicameral Libidinal Voice Processor
Double video projection et video sur moniteur, tapis persan
Vue d’installation au MAC, Marseille, 2005
Collection MAC, musée d’art contemporain, Marseille
Une installation vidéo composée de trois boucles synchronisées tirées d’une expérience.
L’installation se présente comme un dispositif de conférence pour Stephen Hawking, qui communique depuis des années à l’aide d’une voix de synthèse.
L’astrophysicien de renommée internationale, Stephen Hawking parle des trous noirs, les dimensions cachées de l’univers, lors de laquelle il évoque les types de personnages qui pourraient le peupler. Cette mini-conférence est composée à partir de transcriptions de plusieurs conferences de Hawking). Elle dure 2 minutes et 40 secondes.
Elle est prononcée sur une musique de fond, une version midi de LOVE ME TENDER.
En rentrant dans la salle on aperçoit un moniteur posé sur un tapis persan. Le moniteur diffuse une image de Hawking dans son fauteuil roulant qui est, lui aussi, posé sur un tapis persan. Le tout baigne dans une lumière bleuâtre.
Hawking commence à parler, l’image s’éclaire, s’anime et clignote, rythmée par les cadences de sa voix.
De côté et d’autre du moniteur, une projection vidéo sans son montre un sosie d’Elvis qui accompagne le discours en faisant son show.
Hawking termine son discours et son image cesse de clignoter…
Les sosies d’Elvis commencent alors à déclamer. Chacun réitère le discours proclamé par Hawking au préalable : Elvis 1 sert de canal audio de gauche, Elvis 2 sert de canal audio de droite. Leurs “reprises”, exécutées en direct, sont marquées par des lacunes et des incompréhensions, des balbutiements, des hésitations. Parfois les itérations de l’un compensent pour les absences de l’autre, parfois les deux voix s’écrasent mutuellement. Le signal nous parvient trituré et trouble à l’image de ses émetteurs.
Pendant ce temps, l’image de Hawking est fixe.
Dès que les sosies finissent de parler, il s’anime, reprend la parole et relance la boucle…
L’expérience :
Je suis parti des stéréotypes véhiculés par Stephen Hawking et Elvis Presley : Hawking, l’incarnation absolue de l’esprit, l’éminence grise, le maître de l’univers ; Elvis, la libido pure : le “king” du rock’n’roll, l’étoile massive.
J’ai décidé de les confronter l’un à l’autre après avoir entendu une conférence de Hawking sur les trous noirs. J’avais l’impression d’écouter et la biographie d’Elvis Presley et celle de tous ses sosies. J’étais en même temps frappé par leur dimension fantomatique commune (Hawking en raison de sa voix frigide et délocalisée, Presley en raison de sa démultiplication post-mortem).
En résidence au Canada pendant une semaine et ne sachant pas trop quoi faire, j’ai loué les services de deux sosies. Je les ai filmés individuellements, l’un après l’autre, sous un éclairage de lumières clignotantes, en une seule prise. Chacun devait relayer en directe le discours de Hawking, qu’il entendait sur une oreillette sans l’avoir écouté au préalable, en essayant de lui donner du corps, du punch, et de lui insuffler la sensualité physique du King.
Détail du moniteur de Hawking