Gabrielle
Manglou

MÀJ . 30.10.2024

FABULA GRAPHICA

Stéphane Carrayrou, Fabula Graphica 3, Rouen
, juin 2011

Avec l’exposition « Fabula Graphica 3 » se clôture un cycle d’expositions collectives et monographiques ayant pris comme fil rouge la problématique générale de la fable. La fable envisagée comme une manière de véhiculer, au même titre que les mythes, un imaginaire collectif et un rapport imagé au monde. Dans le cadre des trois expositions collectives du cycle « Fabula Graphica », le dessin cons tue un médium privilégié mais non exclusif. Le terme « Graphica » est à prendre au sens large de graphie, d’inscription d’un processus de pensée. Chacune des trois expositions se singularise dans son accrochage et par les significa tions circulant entre les œuvres : notions d’inventaire du monde réel et mythologique et de mythologie personnelle, mythologies africaines et chinoises.

Le sous-titre de ce troisième volet est « Visions d’un monde créolisé », en référence à ce qu’Edouard GLISSANT appelle la « créolisation du monde », à savoir une identité envisagée, non pas sous la forme d’appartenances nationales, de racines et de cultures ataviques, mais comme rhizome, comme racine allant à la rencontre d’autres racines et s’enrichissant de ce contact. Une conception qui rejoint la dé ni on que Pierre REVERDY propose de l’image poé que comme « association d’idées lointaine et juste ».

Ce troisième volet du cycle d’expositions Fabula Graphica, cons tuant un hommage à l’écrivain Edouard Glissant, rassemble les œuvres de neuf artistes. Leur approche de la mythologie, nourrie de leur diversité culturelle, révèle parfois des convergences, à l’image des lithographies de Barthélémy Toguo dont la part d’animalité fait écho à l’Arche de Noé de Huang Yong Ping et aux dessins de Gabrielle Manglou. Des œuvres de Frédéric Bruly Bouabré, Jochen Gerner, Jean-Jacques Rullier, François Bouillon, Henk Visch et Nedko Solakov sont également exposées.

« Dans la sélection de dessins récents que nous ex- posons, on repère bien ici et là des figures hybrides, mi-animales ou mi-végétales et mi-humaines, des accouplements, des figures doubles, accolées ou en miroir, des corps parés, déguisés, masqués, des sortes de montagnes couvertes d’yeux…

Mais le dessin n’est jamais à proprement parler la transcription de formes préconçues. On a plutôt la sensation d’évoluer dans un univers proche de l’animisme ; dans lequel l’essentiel est de capter le souffle, l’esprit des choses se manifestant sous des apparences et des traits variés. À ce niveau, le vécu d’artiste de Gabrielle Manglou, pour qui les figures se fabriquent à partir d’attitudes corporelles, dans le faire du dessin lui-même, rejoint notre expérience de regardeur. Et peut rejoindre souterrainement le « vécu » des masques.

Un masque permet en effe et à la personne qui le porte d’aller à la rencontre d’une face cachée d’elle-même, de quelque chose qui la dépasse. En se chargeant de sa force et de ses traits, il y a une sorte de transmutation d’énergie. Une opération similaire s’effectue avec les dessins de Gabrielle Manglou; l’important, c’est la traversée mentale et psychique que nous effectuons dans et par ses images. »