Le travail de Samir Mougas se formule à partir d’un répertoire de formes qu’il alimente continuellement. Les éléments qui la composent sont indéfiniment recyclables. En les faisant passer du dessin à l’objet ou en les travaillant informatiquement l’artiste détourne lui-même ses propres réalisations, refusant de leur donner une forme fixe et pérenne. Dès lors on ne s’étonnera pas que son intérêt ait pu se porter sur la pratique du Tuning qui consiste à personnaliser inlassablement son véhicule en y ajoutant ou en modifiant certains éléments. “Sans titre” est ainsi la photographie d’une voiture prise sur un parking. Numériquement sa carrosserie est recouverte d’un habillage blanc traversé par un éclair rose. Cette image revendique ainsi deux statuts, celui de la photographie et celui de la peinture. Or la peinture dont il est ici question n’est pas sans entretenir quelques rapports avec la pratique du Tunning. En effet, cette activité comme une large partie de l’art moderniste est motivée par l’affirmation d’une individualité. Toutes deux s’expriment régulièrement par des formes géométriques et la recherche d’une expression de puissance. Sans titre présente ainsi la rencontre fortuite entre deux pratiques qui, malgré leur ignorance mutuelle, entretiennent une étrange proximité.

François Aubart, extrait du communiqué de presse de l’exposition Ce qui revient, galerieACDC, Brest.