Instructions
INSTRUCTIONS, 2016
un projet du collectif WOOP. HubHug, 40mcube Liffré.
Dans le cadre de la biennale Off de Rennes, avec le soutien d’Ars Ultima et de 40mcube
Le collectif WOOP, formé de Romain Bobichon, Paul Brunet, Camille Girard et Yoan Sorin, invite habituellement des artistes à travailler en résidence.
Pour l’exposition Instructions, présentée au HubHug, l’invitation est différente : les membres de WOOP ont invité des artistes à leur donner des protocoles, des instructions, des modes d’emploi.
Le collectif utilise le HubHug comme un atelier et fabrique avant et pendant l’exposition les œuvres à partir des consignes donnés par les artistes invités.
Les quatre membres du collectif ont chacun invité trois artistes
Romain Bobichon : François Curlet Miquel Mont Fabio Viscogliosi ;
Camille Girard et Paul Brunet : Georges-Henri Guedj Blaise Parmentier Eva Taulois ;
Yoan Sorin : Karina Bisch Christophe de Rohan Chabot (sur l’instruction de Hamishi Farah) Florian Sumi.
L’œuvre est pensée par l’artiste invité et réalisée par un des membres du collectif, suite aux échanges et aux discussions menées à distance. Les instructions prennent différentes formes : liste de titres, échange oral, mode d’installation envoyé par sms, plan d’exécution précis à suivre, discussion par e-mails, etc. L’interprétation des instructions est ce qui motive l’exposition.
Des bains à prendre, des images à modifier, un concert, une voiture à peindre, des œuvres fixes ou en mouvement, des pièces à activer et à performer pour multiplier les rendez-vous avec le public et pour renouveler chaque semaine l’exposition.
Vue de l’exposition Instructions, Le portant Eva Taulois + C.Girard et P.Brunet, WILD Blaise Parmentier
- C.Girard et P.Brunet, TSE 2000 Georges-Henri Guedj + C.Girard et P.Brunet
Le portant
Instructions : Eva Taulois+Camille Girard et Paul Brunet
— Procurez vous chacun un «vêtement de travail» (combinaison ou bien salopette de peintre blanche), il doit être à votre
taille, confortable, en toile de coton
— Portez votre «vêtement de travail» pendant toute la durée du montage et des différentes interventions que vous aurez à
faire pour le projet Instructions
— Réalisez un dispositif que vous peindrez pour présenter, ranger, suspendre les vêtements quand vous n’êtes pas entrain de
travailler ou quand vous n’êtes pas présents sur les lieux
«À l’usine, Rémy enfile « la tenue imposée, un uniforme, au sens d’habit uniforme pour les opérateurs », car le costume
est remis au futur opérateur à la fin des deux jours d’accueil, et il le revêt pour la première fois le jour où il commence son
travail dans l’équipe. Il sait à ce moment-là qu’il quittera sa tenue environ huit heures plus tard. « Il n’a pas été dépouillé de
ses vêtements, il s’en débarrasse, les range lui-même dans son armoire. » Ce temps marque le passage du temps libre de ses
faits et gestes à une tenue où l’on doit s’adapter aux exigences de l’organisation productive qu’on intègre. « contraint d’oublier son individualité, ses caractéristiques personnelles sommées de les laisser au vestiaire selon l’expression populaire ».
Extrait - « Le vêtement de travail, une seconde peau » de Ginette Francequin - © Éditions érès 2012
© Eva Taulois, 2016
Le portant, Eva Taulois + Camille Girard et Paul Brunet,
portant : bois et peinture, deux combinaisons de peintre, vue de l’exposition Instructions, HubHug, Liffré
Le portant, Eva Taulois + Camille Girard et Paul Brunet,
portant : bois et peinture, deux combinaisons de peintre, vues de l’exposition Instructions, HubHug, Liffré
Photo : Camille Girard
TSE 2000**
Instructions : Georges-Henri Guedj + Camille Girard et Paul Brunet
Camille et Paul dessinent dans la lumière d’un projecteur :
…moteur !
Camille et Paul dessinent comme on traverse la nuit, éclairée par les phares d’une voiture :
…ça tourne !
Camille et Paul dessinent pour mémoriser la séquence d’une séance de cinéma en plein air :
…action !
J’ai une voiture des années quatre vingt, qui semble avoir été dessinée à la main.
J’ai voulu qu’il la re-dessine, qu’il la recouvre de peinture, comme pour opérer d’une cautérisation chromatique :
…coupez !
C’est un prétexte.
Ma voiture sera l’atelier : à la fois l’habitacle du «drive in» et les cimaises de l’exposition.
A l’inverse du huit clos, il s’agit d’un open space, d’un couteau suisse à l’humour Belge.
Camille et Paul tatouent le papier.
Mais j’ai préféré que la carrosserie bronze sous l’effet de leurs pinceaux, comme l’effet prolongé d’un corps au soleil (une
image projetée)…
Celle d’un épiderme surexposé.
© Georges-Henri Guedj, 2016
TSE 2000, rose,
Performance de Georges-Henri Guedj, accompagné de Paul Brunet, lors du vernissage d’Instructions, HubHug, Liffré
Photo : Romain Bobichon
TSE 2000, bleu,
Tissus, peinture et collage
Blaise Parmentier + Camille Girard et Paul Brunet
Notes en vrac sur W I L D (la pièce que je montre à Passerelle, ce jeudi*)
La pièce se compose de quatre tableaux, quasi bas-reliefs en fonte d’aluminium, réinterprétation des quatre lettres d’un graffiti énonçant le mot «wild». Chacune des pièces est accrochée sur des cimaises distinctes, à distance variable selon l’espace.
Les lettres ont été reproduites à l’aide d’une technique élémentaire de fonderie appelée « lost foam » ou mousse perdue. Les matrices ont été découpées à main levée, à l’aide d’un fil chaud, ce qui implique une précision toute relative et induit une altération des formes lors de sa reproduction.
Certaines lettres ont même été privées partiellement d’une patte ou d’une phase stylistique par manque de matière lors de la coulée du métal en fusion - leur lisibilité en est altérée, frisant parfois l’abstraction.
Vers 2008, alors que je prépare une exposition à Brest, je découvre, glissée dans un magazine chez un ami, une photo noir et blanc d’un graffiti dépeignant le mot «wild». Les quatre lettres naïves et hésitantes ont été peintes sur un mur en parpaing, probablement adossé à un garage ou peut-être au bord d’une voie ferrée.
Le ciel est gris et en arrière plan deux pavillons. Brest ? Peut-être même Plougastel-Daoulas. Au dos du papier photo, en filigrane, 1990.
Sous le tirage, je découvre une autre photo, celle-ci est imprimée sur le magazine. Il s’agit d’un autre graffiti. Il s’affirme de traits francs et de formes aiguisées. Wild. Une légende précise qu’il s’agit d’une pièce de Bando - un des premiers types à ramener en France le blazing à l’américaine à Paris au début des années 80. Le premier lettrage a été peint à Paris dans les années 80 par Bando, considéré et reconnu comme un des premiers graffeurs de la capitale. Le deuxième lettrage, copie du premier a été peint par un tagueur néophyte, environ 10 ans plus tard, dans le Finistère aux alentours de Brest. Ce dernier fera lui même école sur la ville de Brest, quelques années plus tard.
J’apprécie le fait que ces deux images témoignent d’un rapport établi entre un maître et son élève - principe probablement inchangé depuis l’apparition de la peinture.
Les deux images “documents” ne sont pas montrées dans l’exposition.
Instructions :
Copier, reproduire ou réinterpréter deux photographies données de deux graffiti énonçant le mot «wild». La première est une pièce de Bando peinte à Paris au début des années 80, l’autre une copie du premier lettrage, peinte par un tagueur néophyte, environ 10 ans plus tard, aux alentours de Brest dans le Finistère.
© Blaise Parmentier, 2016
* Exposition collective S’embarquer sans biscuits, Passerelle Centre d’art contemporain, 2016
W I L D, 2016
Blaise Parmentier + Camille Girard et Paul Brunet
papiers découpés et casquettes
WILD, 2016
Blaise Parmentier + Camille Girard et Paul Brunet,
WILD encre et crayons sur bois,
WILD encre de chine sur papier,
WILD papiers découpés
Photo : Paul Brunet