Damien
Rouxel

UP . 17.09.2024

Décorum équin

Installations créées dans le cadre de la résidence Artcheval, 2021

Je me souviens rencontrer l’animal pour la première fois au Haras National de Lamballe. Admiratif, il suscitait en moi la peur. Le cheval a quitté nos terres pour laisser champs libres aux vaches et aux tracteurs. Je suis fils d’agriculteurs et n’ai aucune connaissance du milieu équestre. Je me suis donc immergé dans ce nouveau monde pour m’y (con)fondre. Je n’ai jamais côtoyé l’animal et pourtant il a toujours fait partie de mon décor. Je connais le cheval. Après réflexion, je connais ses représentations. Du populaire avec mes souvenirs d’enfant à la haute culture avec l’histoire de l’art, le cheval a toujours fait partie de moi.  Des chevaux sauvages en céramique trônant sur le buffet de Mamie, une scène de chasse en canevas, un cheval tirant la charrue du paysan, un petit carrousel que j’adorais voir à Noël, un puzzle gigantesque dans le salon, les chevaux de la cour de récréation et mes parties endiablées de petits chevaux ; voici mon héritage équin.

Extrait de Métamorphoses équines, Damien Rouxel

Motifs équins, 2021
Papier peint, dimensions variables

Tête iconographique, 2021
Tête de cheval avec images équines

Des silhouettes équines fleuries remplissent le cercle du manège. Des pieds, un sabot, une main, une patte, une tête, des oreilles… On perd les limites des corps. L’humain et le cheval fusionnent. Ces représentations équines deviennent les motifs de ce nouveau papier peint. Une tête de cheval sortant d’un mur, couverte de photocopies de chevaux issus des tableaux. Un trophée iconographique où ces images (pour la majorité) dénuées de réalisme représentent l’animal et ce que l’on veut lui faire dire. Cheval mythique. Cheval de guerre. Cheval politique. Le cheval n’est jamais seul.

Extrait de Métamorphoses équines, Damien Rouxel

Ecurie populaire, 2021
Collection de 110 bibelots en céramique avec cartel-nom d’un cheval médaillé au J-O, dimensions variables

En quelques mois, j’ai constitué ma propre écurie. Dans l’écurie Rouxel se côtoie nombre de chevaux en céramique racés. Riche de 110 individus, les étagères bondées, ces créatures médaillées sont ma fierté. Inscrites dans l’histoire des Jeux-Olympiques. Sonate de l’océan, Triton Fontaine, Excalibur, Django, Charisma… Mes champion.ne.s aux couleurs chatoyantes et irisées, aux mouvements outranciers, aux yeux doux ou exorbités et aux postures récurrentes constituent mon petit musée. De l’objet unique à la série, de l’objet sans âme au bibelot sentimental. Ce cheval populaire et ce cheval d’élite n’ont aucune réalité commune excepté leur lien (lointain) avec l’animal.

Extrait de Métamorphoses équines, Damien Rouxel

Iconographie parcellaire
Assemblage de puzzle

Vues de l'expostion L'Héritier, Artcheval, Centre d'art Bouvet-Ladubay, Saumur, 2021

Photos : Simon Benteux

Puis il y a ces puzzles. Allant de 10 à 500 pièces, ces images d’Épinal ou images posters qui développent une iconographie bucolique et niaise : la jument et son poulain, le troupeau galopant, l’étalon majestueux, le poney… Que ce soit dans le pré, le désert ou face à l’océan, le cheval serai libre. Ici, aucune trace de l’homme, excepté cette bride qui rappelle au combien ces mignonneries sont illusoires.  Sur un contreplaqué je les compose pour mieux les décomposer. Enlever au maximum le décor, pour cet animal que l’on voit trop rarement dans les prés, puis accumuler les pièces comme on accumule les clichés pour constituer cette iconographie parcellaire

Extrait de Métamorphoses équines, Damien Rouxel

Dans le cadre de la résidence Artcheval porté par le Comité équestre de Saumur, la maison Bouvet-Ladubay et l’Abbaye de Fontevraud.

Damien Rouxel © Adagp, Paris