L'Attraction Minerale
L’Attraction Minerale
Vues de l’exposition L’Attraction Minérale à Lieu-Commun, Toulouse, 2013
Vues de l’exposition L’Attraction Minérale _par Shelter Press, Ryan Foerster et Félicia Atkinson à Lieu-commun, Toulouse_
L’exposition comme une marche, une expédition pour une aventure penchée. Se courber légèrement et poser son regard vers le sol, puis le détourner vers les parois.
L’ouïe et l’ensemble des sens s’animent. Celui qui regarde est en mouvement. Doucement il prend son temps et laisse enfin s’évanouir les contingences extérieures.
Au rez-de-chaussée The Shelter Press Document vous accueille dans un aménagement propice à l’étude, écrin actif aux éditions papiers et discographiques. Dans le même temps les sources subjectives, sous formes de bootlegs, de photocopies, de bandes d’enregistrement pirates, dévoilent toutes ces pistes prospectives qui nourrissent au quotidien ce laboratoire éditorial qu’ont créé en 2011, Bartolomé Sanson et Félicia Atkinson. Cette salle de recherche, organisée autour d’une grande table, invite à étudier, rêver, écouter, contempler…
À l’étage, l’artiste Félicia Atkinson, vivant à Bruxelles et le New-Yorkais, Ryan Foerster déploient leurs œuvres à la lumière et affirment discrètement leur présence. Vous découvrirez ici une même attention portée au pli, à la surface fléchie, celle qui ne se refuse pas le changement d’état. À travers la sculpture, le dessin, le print ou l’installation, les artistes invités à Lieu-Commun pour cette première édition du Festival International des Arts de Toulouse, vivent intimement leurs pratiques en accordant subtilement l’art et la vie. L’enjeu est de créer un espace où chacun peut trouver la place qui lui est propre, pour un instant, au sein de ce lieu si particulier que peut être l’exposition.
Des objets, des feuilles, se tiennent pour ce qu’ils sont, comme des pierres, des formes primordiales hors du langage, ni abstraites ni figuratives, tels quels, dans leur état de transformation lente, entre le végétal et le minéral, voire l’animal. Une exposition pour déployer le temps dans l’espace et tenter, par une tectonique des plaques artistiques, de faire chevaucher en douceur nature et culture.
Il reste peut-être à la fin quelques résidus, des palimpsestes, des échos : là ou l’archive devient une borne, le fossile une sculpture, un delay une harmonie. L’art trouve sa place et se déploie avec ampleur et humilité, laissant chaque matériau diffuser sa présence propre. Chaque trace devient le terreau fertile d’une subjectivité qui affirme toute sa dimension intime.
Manuel Pomar