Fais moi du couscous chéri
Fais moi du couscous chéri
Vues l’exposition à De la charge, Artist-run Space, Bruxelles, 2013
Photo : Martin Belou & De la charge
Sans titre, 2013
plâtre et éponge
La plage, 2013
bac à cacher, mdf, beurre clarifié
Sans-titre, 2012
Equerres et peinture
Sans titre, 2013
tirage jet d’encre pigmentaire encadrée
Sans titre, 2013
peinture et élastomère Sans titre_, 2013
moulages de boomerangs en résine epoxy,_
Le vin du socle et noix de coco, 2013
mdf, peinture, cube de vin et moulage de noix de coco en résine epoxy
détail noix de coco
Fais moi du couscous chéri, 2013
_tirages quadrichromie sur papier
Sans titre, 2013
contreplaqué, peinture et œufs_
Éponges et noix de coco, 2013
Plâtre et résine epoxy
Sans titre, 2013
Plâtre et coquille d’œufs
Les installations de Francis Raynaud relèvent d’une pratique de la sculpture au quotidien, de la manipulation et la création de formes en atelier autant que chez lui. Il considère son travail comme un flux continu, qui se situe dans un circuit, un périmètre restreint qu’est son trajet journalier de son lieu de travail à son lieu de vie.
La “mise en place”, terme d’installation lié à la cuisine et à l’art pourrait définir le travail de Francis Raynaud car il s’effectue comme un enchaînement de répétitions, de gestes et de mouvements liés à la préparation des ingrédients et des composants. “Faire avec ce qui est là” dit-il pour mettre à plat les choses avant de transformer et d’agencer la matière.
Dans cette exposition, l’artiste nous met face à la mise en relation des matières premières de ces deux pratiques qui se confrontent et se mêlent (éponge, vin, maïzena, beurre face à la résine, au plâtre et au bois, etc…). La notion de recette, présente dans l’exposition à travers ces images de vénus à la chair débordante sous-titrées d’extraits de blogs de cuisine où des femmes demandent une recette de couscous devient une métaphore du processus de création, mais, il n’y a pas de réponse concrète, la solution n’est pas donnée.
Les oeufs présentés comme dans une couveuse et ces figures préhistoriques évoquent l’idée de la fertilité et de l’origine. La pratique pourrait se lire comme une tentative de rassasier et vider ce flux permanent, à l’image d’une dynamo perpétuellement en action pour éviter que la continuité ne se brise. Le vin évoque ici un certain laisser aller du corps, un oubli dans lequel on chute alors que la plage de beurre peut être vue comme un “paysage mémoire” stocké et pétrifié dans cette graisse à l’aspect suintant et solide. Une bataille entre le gain et la perte d’énergie. Parallèle entre la question de nourrir et de se nourrir, au sens propre et figuré. En amont, les formes se gorgent et régurgitent mais au moment de la présentation, elles sont figées. L’artiste utilise le moment d’exposition comme un instant suspendu de la réalité où un temps ainsi qu’un espace précis sont en jeu et dans lequel il ne laisse pas les choses déborder : en effet le vin ne coulera pas à foison, la graisse est bien encadrée, préservée dans un cadre noir étanche, les éponges ne perdront pas de liquide… Comme si ces éléments étaient retenus dans la peur que les choses se délitent ou se désagrègent.
Selon l’artiste, l’ensemble des pièces se répond et s’équilibre selon un principe de “gémellité paradoxale”, elles sont comme des soeurs aux qualités opposées, liées au plein et au vide. Mises en contact, elles se révèlent complémentaires.
Margaux Schwarz