Guillaume
Pinard

06.09.2023

Service public, 2011

Centre d'Art Le Parvis, Pau.

Service public, 2011

Centre d’Art Le Parvis, Pau.

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Du gastrique au limbique

Multiplier les faits, les sollicitations, exciter dans le ventre le feu de nos pulsions ; nous tenir en alerte permanente, capter notre attention, marteler le présent et le chauffer à blanc. Tel est le fait des entreprises de divertissement dont nous sommes depuis longtemps les consommateurs captif et désormais - grâce à la jeunesse algorithmique de nos réseaux - les promoteurs et les producteurs zélés.

Nous ne sommes même plus les poupées d’une main invisible et ennemie qui nous dirige et nous divise. Nous sommes les poupées et les mains ; et aucune injonction n’oblige à ce que nous devisions autrement que par la pétomanie, l’éructation ou d’autres formes de compression des gaz. Moi même, je multiplie les formulations régressives, les visions pulsionnelles et développe rarement mes projets au delà de leur volet gastrique. On peut dire que je ne manque pas d’air. Néanmoins, aujourd’hui - est-ce l’âge ? La menace
grandissante de l’accident colorectal ? - je subis difficilement cette sidération hystérique du présent, son insolente propagation, comme l’embellit de sa percussion. Sa grimace ne me fait plus rire et la violence de ses coups commence à me faire mal. Le foie aussi est devenu fragile et je ne veux pas aller jusqu’au combat de trop.

De la phalène exaltée par la promesse d’une nuit permanente, je suis devenu la phalène divertie de son axe lunaire par le mirage des ampoules électriques, égarée devant l’éclat d’un motif qui ne la reconnait pas et la maintient cependant prisonnière dans la spirale d’une trajectoire insane. Je cherche d’autres repères, une autre échelle de perception et de fréquentations, la complexité d’une structure.

Il faut que je me manifeste, que je fomente une révolution dans mes entrailles, afin de soumettre la réticulation de leurs terminaisons nerveuses à un système plus vaste, limbique, où l’on puisse se réjouir également d’observer l’expression de la vertu.

J’appelle aujourd’hui ce système : Service public.

Photos : Alain Alquier