Palissade
Palissade, 1993
Huit photographies noir et blanc montées sur acier galvanisé, 180 x 1000 cm
Photo : HB
Palissade est constituée de huit photographies noir et blanc, contrecollées sur des plaques d’acier galvanisé et posées à même le sol. Cette image multiple a été conçue, de manière rigoureuse, en une succession de prises de vues d’un toit en zinc. L’origine importe peu sinon pour la mise en évidence de ce rapport au motif qu’entretient Hervé Beurel. Nous sommes là dans le domaine de la représentation. Avec les moyens de la photographie, l’artiste réalise une œuvre dont l’ambiguïté visuelle nous invite à prendre la mesure de notre regard.
Palissade n’est plus seulement image. Véritable élément architectural elle contribue à mesurer le lieu. Cette oeuvre connaît ici une présentation différente que celle qui avait été réalisée en 1993 à la Galerie du TNB. Pour sa première apparition toutes les plaques étaient jointes, barrière continue, rythmée par la scansion des bandes verticales et l’irrégularité de la hauteur de chacune des plaques. A Marseille, la ligne était rompue en deux endroits, deux plaques se trouvant ainsi isolées à gauche et une à droite. Si à Rennes, Hervé Beurel jouait de la forte présence des colonnes de béton gris et de l’arrondi du mur, à Marseille il introduit des interruptions en echo là encore aux éléments architecturaux du lieu d’exposition, une cimaise perpendiculaire et une colonne. Lors du parcours effectué par le visiteur, grâce aux différents points de vue et aux effets de perspective, se noue cette relation entre l’oeuvre et son lieu d’exposition. En effet, si l’oeuvre affirme son autonomie, ses conditions d’apparition sont susceptibles d’être modifiées. Au delà de la nécessité de nommer la pratique, peinture, sculpture, installation, on peut remarquer que la mise en exposition est un élément inhérent à la constitution de l’œuvre même si elle n’est interrogée ni dans ses fondements, ni dans ses enjeux.
Palissade incite à une dynamique du regard mais la vision, si elle est dominante induit également une perception sensorielle plus vaste, celle du corps parcourant l’oeuvre. L’unicité du point de vue est rompue par le nombre des plaques et l’espace de l’image est exploré dans le presque rien de la matière.
Claire Legrand. Extrait de “Réunion de chantiers”, journal édité par Art-Transit, Ateliers d’artistes de la Ville de Marseille, juin 1994.
Reproduction I et II, 1996
Béton cellulaire, 2 x (100 x 100 x 10 cm)
Vue de l’exposition à la Galerie du Chai, Saint-Brieuc
Photo : HB
L’installation “Reproduction” ancre davantage le dispositif artistique dans une dimension matérielle et tactile.
Le médium a changé, et pourtant les interrogations sont les mêmes. Solidement accrochés, ces blocs de béton reproduisent des motifs très 70 observés sur la façade d’un immeuble. Le sujet surprend par son absurdité, son inutilité apparente. La présence physique du matériau est la seule certitude, le seul point d’appui offert au spectateur. L’installation résume à elle seule les intentions qui lient la photographie au volume, à la sculpture ou à l’architecture. Et comme il en est d’une reproduction, ces bas-reliefs en béton réintroduisent des notions telles que découpe, recadrage, prélèvement, emprunt, le tout refabriqué et réinstallé dans un espace public.