Un truc d'enfer
Exposition Un truc d’enfer à la Chapelle des Calvairiennes - Mayenne, 2011
Photo : Line Francillon © Les Calvairiennes - Mayenne pour toutes les vues d’exposition.
Monument aux arbres morts, 1992-2011
Le coq chante. À sa base, un arbre aux branches en forme de serpent (monnaie nigérienne du 19ème siècle). Au mur, un reste de fresque lunaire et solaire.
Les singes volants perdent leur zèle, 2011
Pluie d’épines au paradis, 2011
Dieu laisse la main, 2011
Calvaire sur terre, 2011 Clin d’œil aux ogres, 2011
Le visage de la douleur, 2011
Sculpture devant une niche avec un reste de fresque représentant l’œil de Dieu.
Le désespoir du singe, 2011
Sculpture devant un retable représentant une descente de croix.
Un truc d’enfer
Pour enrichir notre vocabulaire, les malheurs de la terre n’y vont pas par le dos de la cuillère.
Pléthore de mots disent nos ratures contre nature.
Par période, le dictionnaire secoue la bibliothèque.
Une mode langagière s’élance, tourne en boucle, nous assaille.
Mais les mots ne calment pas les maux.
Devant les affres du quotidien, suffit-il de savoir lever les yeux ?
Je suis un buvard qui bave.
Le réchauffement climatique fait parti de mes classiques.
Cette problématique boulimique s’avère le hic du siècle.
Le ciel gazé défigure notre planète ébouillantée.
Loin des cieux à la Monnet, la voûte céleste se monnaie.
Oui, le réchauffement climatique ouvre les portes de l’enfer.
La clique à fric fait feu de tous bois en imposant sa loi.
Mise à nue, la forêt contribue aux brûlures.
L’équation déforestation - désertification envahit le terrain.
Les singes subissent cet enchaînement tragique.
La déforestation galopante les attrape par la queue.
Mais c’est mon frère qu’on assassine aux sommets des cimes !
Dans cette frénésie accablante où les tronçonneuses se déchaînent
Leur habitat peau de chagrin les transforme en sacs de larmes.
L’homme est un singe savant hanté par Icare.
Toujours prêt à décoller sans ambages, équipé d’une hélice.
Il cherche à larguer le réel trop souvent englué dans les marées noires, les boues rouges, l’inodore qui endort et le choléra qui revient.
Seules, les étoiles allument l’issue de secours.
Mais que fait Dieu ? L’enfer l’emporte sous sa barbe.
Jusqu’au 19ème siècle, Dieu a joué sur du velours.
Depuis la révolution industrielle, il a chaud aux oreilles.
Equipés d’ailes nous fouillons son domaine en tous sens, passant de la lune à l’ADN.
Tantôt ange ou démon, nous lui contestons son rôle.
Les artistes aiment donner la parole à Dieu, raconter sa vie, ses péripéties.
Aujourd’hui, Dieu pilote le rouleau compresseur de l’histoire sur un siège éjectable, nous sommes à la place du mort, chronomètre en main.
L’homme : assassin ventriloque, esclave d’indigestion dévore la terre.
La nature manipulée comme un jouet, subit nos caprices de sorciers aveugles.
Pour avoir la conscience bien peignée, l’on se dit que depuis des millénaires, la terre se soigne aux douches écossaises.
Je parle comme un livre. Je suis un buvard, bavant l’information marathon. Même l’information a son hit-parade avec ses vedettes récurrentes qui vous cueillent à froid.
Pour avoir la conscience bien peignée, les gros bonnets se persuadent,
que depuis des millénaires, la terre encaisse les douches écossaises.
Alors que les médias rabâchent, je rumine l’indigestion du jour.
Servi à la sauce piquante, la couleuvre glisse en souplesse.
L’homme descend du singe, en sciant la branche, l’on s’élance dans une chute fratricide.
Quand le diable rôde, les vautours accourent.
Si Dieu pointe son nez, même les anges se frottent les yeux.
L’oiseau mériterait une prime de risque. Son espace vital, envahit de pièges lui tord le cou.
Chapeauté par le danger, la fragilité trouve un visage.
L’oiseau incarne l’expression « la vie ne tient qu’à un fil », expression que revendique aussi les pendus.
J-Y.B.