PROS DU QUOTIDIEN
PROS DU QUOTIDIEN
Recherche-action / installation
Dimension variable, 2019
Partenariat & production : La Criée - Centre d’art contemporain, Lycée Jeanne d’Arc à Rennes, Lycée Lavoisier à Mayenne, Les amis du FRAC Bretagne, Université Paris Sud Orsay - IUT Chimie, Collège Les Chalais à Rennes,
Phakt - Centre Culturel Colombier à Rennes, Samuel Michalon
Pros du quotidien explore la hiérarchie des temps de la vie, scolarité - vie professionnelle - retraite, en dessinant les contours d’une société où les liens entre travail et rémunération sont définitivement rompus.
Ce projet, fruit de multiples rencontres et collaborations, se déploie dans un espace où l’on peut s’installer, découvrir et échanger. À l’instar des participants aux recherches-actions, il propose aux visiteurs de relancer le débat à l’origine du projet : souhaitent-ils ou non voir advenir une société du temps libéré ?
La vie pro en moins (extrait)
Société motivée (extrait)
Les proactifs (extrait)
Analyse de Samuel Michalon (extrait)
THOMAS TUDOUX : PROS DU QUOTIDIEN
ENTRETIEN AVEC DORIANE SPITERI
Thomas Tudoux est un artiste du commun. Que ses œuvres prennent la forme de dessins, de peintures, de vidéos, d’installations ou de textes, elles découlent le plus souvent de résidences. Profondément inscrite dans des questionnements autour du temps et du travail, son œuvre est foncièrement politique. Depuis trois ans, il a développé plusieurs résidences de recherches distinctes autour de la notion de temps libéré. Du 8 novembre au 21 décembre 2019 au PHAKT Centre Culturel Colombier à Rennes, son exposition « Pros du quotidien » présente une phase de cette recherche-action.
Doriane Spiteri : Ta pratique entretien toujours un rapport avec les notions de temps et de travail, généralement liées l’une à l’autre. En fonction des différents projets, tu t’intéresses à la fois aux servitudes volontaires, à la productivité et l’efficacité, au culte de la performance, aux procédures d’évaluation, ou encore au repos et à la détente. Qu’est ce qui t’as amené à centrer tes recherches et tes productions artistiques autour de ces idées ?
Thomas Tudoux : Étonnement, ma réponse se relie directement à « Pros du quotidien ». Mon premier projet s’intéressant à ces questions est un documentaire dessiné sur l’entrée de ma grand-mère maternelle en maison de retraite. Dans ce travail mêlant intime et regard critique sur notre société, je commençais à m’interroger sur les différentes hiérarchies du bon usage de son temps et voyait poindre mes doutes quant à l’utilité de nos actions et à la valeur humaine de nos occupations. Avec le recul, je tissais alors un lien direct entre mes questionnements d’étudiant préparant son insertion professionnelle et ce statut de retraité qui me semblait à l’époque aussi attirant qu’effrayant ! Or, c’est justement la retraite - période où activité et rémunération ne sont plus liées - qui est à l’origine de mon projet actuel sur le temps libéré… comme extension de ce statut à tout le monde et à tous les âges de la vie.
D.S. : En effet, il semblerait que tous tes projets soient en rapport les uns aux autres, qu’ils se fassent écho. Pour « Pros du quotidien », tu te penches plus particulièrement sur le concept de temps libéré et pour ce faire, tu multiplies les collaborations et les rencontres. Comment se sont organisés les différents temps de résidence qui ont nourri le projet et dont on peut découvrir les témoignages dans l’exposition ? Es-tu à l’initiative des différents choix des publics avec lesquels tu as travaillé ?
T.T. : Dans mes recherches-actions, c’est la rencontre qui fait œuvre, chacun de ces projets est donc pensé spécifiquement pour un groupe de participants particulier dans un contexte particulier. Pour développer « Pros du quotidien », j’ai collaboré avec 228 personnes de 11 à 91 ans - élèves, étudiants, actifs et retraités - réparties dans 5 recherches différentes. J’ai été à l’initiative de certains projets et des groupes m’ont été proposés.
C’est la Criée - Centre d’art contemporain qui a ouvert le bal en m’invitant, à l’automne 2017, à travailler avec des étudiantes en B.T.S. Économie Sociale et Familiale au lycée Jeanne d’Arc à Rennes. Trois particularités de ce groupe ont attiré mon attention : une partie de ces étudiantes était destinée à travailler avec des retraités, leur basculement prochain dans la vie active et enfin, cette proposition invraisemblable de création avec cent personnes simultanément. C’est d’ailleurs, cette dernière contrainte qui a été l’élément déclencheur de mon désir de développer un travail de statistique et de socio-fiction.
Dans ce projet, après avoir analysé collectivement leurs temps au quotidien puis, les phénomènes de ruptures se jouant au moment des passages étude / vie active puis vie active / retraite, j’ai proposé aux participantes de prendre leur retraite dès la fin de leurs études. Ce carambolage temporel crée un malaise perceptible dans la série de vidéos La vie pro en moins. On y constate des façons très différentes d’appréhender cette retraite très anticipée, mais surtout, la très grande majorité des participantes (86%) est opposée à ce changement de paradigme. Une analyse de ces résultats m’a permis de dégager deux biais expérimentaux qui ont motivés mon désir de poursuivre la recherche.
L’utilisation du vocabulaire de la retraite s’appuyant sur un déjà-là et éloignant toute idée d’utopie m’a finalement desservi. Considérant cette période de la vie comme impliquant un retrait sur les sphères intimes, familiales et les loisirs, les participantes se projettent dans une vie passive. Ce vocabulaire bride leur volonté d’agir et explique en partie leur refus. Pour les expérimentations suivantes, j’ai décidé d’évoquer ce lien avec l’hétérotopie de la retraite, tout en changeant radicalement les termes : plus de retraite anticipée, mais une projection dans une « société de contributeurs » dont les participants pourront choisir d’être pleinement acteur.
En second lieu, malgré les expériences liminaires, les participantes étaient peu préparées à cette proposition de changement radical. Être projetées dans une vie aux règles totalement différentes sans ménagement a également accentué la perte de repères et la peur du désœuvrement chez beaucoup d’entre-elles. Deux développements expérimentaux découlent de ce constat : afin de contourner ce phénomène de rupture, collaborer avec un échantillon de personnes volontaires qui auraient motivé leur participation. Et, afin de supprimer ce même phénomène, développer un projet de recherche pédagogique avec des élèves et des professeurs sur la création d’une école qui formerait à la vie dans cette société de contributeurs. Les bases de Les Proactifs et Société Motivée étaient ainsi posées.
D.S : Dans ton exposition, les différentes vidéos sont mêlées à 28 dessins sous forme de diagrammes accrochés au mur. Cette documentation que tu as réalisé met à jour les problématiques révélées par ce projet lors de tes interventions, à savoir le sentiment de perte d’utilité de chacun si l’emploi disparaît, la différence essentielle entre emploi et travail, le besoin de hiérarchie entre les gens, ou encore les notions de retraite ou de rémunération. On comprend également, en creux, que la plupart des personnes qui se sont prêtées au jeu ne sont finalement pas en faveur d’un temps libéré, que ce soit les élèves de collège, les étudiants ou les groupes d’adultes. Comment expliques-tu cette opposition et de quelle manière cette conclusion a pu jouer sur l’objectif ou la finalité de ton projet ?
T.T. : Le refus de cette nouvelle société est l’enjeu même du projet. Il crée les débats, frictions, remises en question et lui donne son côté humain en dévoilant les doutes, hésitations et craintes des participants. Il relie à la fois des questions psychologiques, intimes, personnelles à des interrogations plus sociales, morales ou politiques. Parce qu’il n’y a pas d’adhésion massive, chacun s’y interroge d’abord puis, les autres et la société.
Il y a un exemple frappant quand, lors d’un des débats, les participants se demandent qui va faire les tâches ingrates s’il n’y a plus de pauvres. Un temps d’arrêt se marque alors quand ils comprennent ce fonctionnement actuel de notre société. Le déchirement entre questionnement individuel et collectif refait surface : il serait plus juste de partager ces tâches, mais en même temps, l’élévation dans la hiérarchie sociale qui permet de s’en débarrasser, n’est-elle pas enviable ?
Dans ce projet, comme dans mes autres recherches-actions, je propose de faire un pas de côté. Pour regarder ensemble d’où on part, où on arrive et le chemin parcouru. Mais pour que ce pas soit intéressant, il doit être difficile à faire et nous secouer dans nos certitudes.
D.S : Dans son ouvrage L’art en commun , dont tu m’as très justement conseillé la lecture il y a quelques mois, Estelle Zhong Mengual s’intéresse aux différentes formes artistiques participatives qui permettent de réinventer de nouvelles façons de faire communauté, engendrant des effets de subversion invisible. Dans ta pratique, tu oscilles toujours entre une pratique d’atelier, plus solitaire et des formes collaboratives. Qu’est-ce que le fait de co-produire l’œuvre avec d’autres personnes apporte à ton travail ?
T.T. : Ma pratique s’est construite dès le début dans ce mélange entre pratique d’atelier et création en commun. Je ne mettrais jamais en retrait mes recherches plastiques, mais souhaitant poser des questions de société, il m’est apparu très rapidement indispensable de sortir ces questions de mon atelier et mes expositions, pour aller directement interroger mes contemporains. Dès 2011, pendant mon séjour aux Verrières Résidences - Ateliers de Pont-Aven, j’ai décidé de mettre en jeu les questions sur l’évaluation développées dans Golem, Mes idoles, 14,75/20 ou encore Speed-Dating en proposant une recherche-action a des élèves de CM1/CM2 qui est devenue Récréation.
Mon expérience en médiation dans différents lieux d’art a certainement influencé ce choix. Tout d’abord, cela m’a donné des compétences relationnelles d’accueil, d’écoute, d’échange et de prise de parole devant un groupe qui me semblent indispensables dans ce type de pratique. En second lieu, cela a attiré mon attention sur la réception des œuvres par le public et m’a donné l’envie de nouer d’autres relations avec le visiteur en sortant de la dichotomie artiste / regardeur, pour être ensemble des collaborateurs.
La recherche-action m’oblige à sortir de moi, à tisser un lien indéfectible entre mes recherches et le monde et donc à penser ma pratique en terme de contribution à la société - notion majeure dans « Pros du quotidien ». Bien que se passant dans une ambiance conviviale et sympathique, ce ne sont pas toujours des moments faciles à vivre, et cela d’autant plus que les sujets abordés me travaillent personnellement. Pour créer un échange propice, chaque rencontre est pensée dans un souci d’enrichissement réciproque : je m’y mets en jeu autant que les participants. Mais se confronter à des questionnements inhabituels tracte son lot de doutes et de remises en question, pour moi comme pour les participants.
Pour prolonger ma réponse précédente, lors de l’activation du premier protocole, La vie pro en moins, je ne m’attendais pas à cette opposition massive. Voir une écrasante majorité de gens refuser en bloc une idée qui te semble importante de mettre en débat est un coup dur. Par des aller-retours constant entre questionnements collectifs et questionnements individuels, j’ai compris ces raisons et cela s’est transformé en chance pour le projet. Toutes ces nuances, cette complexité, restituées dans l’installation sont le fruit de cette polyphonie, de cette incarnation collective du projet et n’aurait pu naître autrement.
D.S : Dans « Pros du quotidien », plusieurs analyses vidéos de Samuel Michalon, psychologue intervenant notamment dans le champ de la prévention des risques psychosociaux au travail, permettent de saisir les enjeux du temps libéré, comme les ressorts de cette dissociation entre activité et revenu ou encore la peur du désœuvrement exprimés chez un grand nombre de participants.
Quelle est l’importance selon toi de ces analyses dans cette exposition ?
T.T. : Ces analyses de Samuel Michalon sont primordiales car il est à l’origine du projet !
Co-auteur de Non au temps plein subi ! Plaidoyer pour un droit au temps libéré , il aspire à la reconnaissance d’un droit à l’inactivité. En 2015, il m’a invité à développer une réflexion autour du temps libéré. Dès les prémisses du projet deux années plus tard, j’ai repris contact pour lui proposer une collaboration.
Comme évoqué précédemment, j’ai régulièrement été déconcerté par les réponses des participants aux protocoles, j’avais besoin de son analyse pour les comprendre. Il me semblait également intéressant de leur proposer ce recul sur leur propre comportement.
Pour la majorité des participants, cette opportunité de repenser la valeur humaine et sociale de leurs activités est un fardeau bien trop lourd à porter seul. Ils ont peur de cette liberté nouvelle que l’impératif de survie permet de mettre aujourd’hui au second plan. Selon Samuel Michalon, cette crainte est due en partie à l’immense difficulté d’imaginer un nouveau cadre où cette responsabilité ne serait plus individuelle, mais collective.
En second lieu, l’installation est construite comme une accumulation d’indices créés à partir de différentes recherches-actions dans des contextes et avec des individus différents. Chaque vidéo, chaque dessin relate une expérience, un point de vue, un concept ou une idée sans jamais décrire le cadre général. Les vidéos d’analyses relient tous ces éléments entre eux, les fait dialoguer dans un tout cohérent. Cela vient sans doute de mon expérience en médiation, mais j’aime assez cette idée d’une œuvre autoreflexive qui contiendrait elle-même ses pistes de lectures et d’analyses.
D.S : Au PHAKT - Centre Culturel Colombier, la scénographie reprend les codes du Community center ou d’un espace de co-working. Sur les différents meubles et bureaux en tasseaux et OSB, une douzaine d’ordinateurs disparates présentent les 47 témoignages.
Pourquoi avoir choisi cette scénographie ?
T.T. : « Pros du quotidien » est né d’un travail en commun. Souhaitant rejouer cette situation dans l’exposition, j’ai choisi de le présenter sous la forme de lieu de débat, de réflexion et de collaboration.
Tout dans le projet est bricolé avec les moyens du bord et les compétences de chacun, dans une économie de moyens la plus totale, les vidéos sont réalisées en auto-filmage à partir d’ordinateurs ou de téléphones portables. J’ai donc voulu conserver ce côté fait-main dans l’installation en fabriquant un mobilier simple composé de matériaux pauvres. L’installation invite ainsi à se mettre à la place des participants rendant l’exposition aussi vivante que le projet.
D.S : Les vidéos, le débat sous forme de tchat, ainsi que tous les documents présentés évoquent donc la création d’une nouvelle société et d’une nouvelle école : des questions directement liées au revenu de base. Quelles sont les réactions des différents publics face à ce sujet d’actualité ?
T.T : Les visiteurs se prennent au jeu ! Lors des différentes rencontres organisées dans le cadre de l’exposition, j’ai vu des réactions très vives de visiteurs interrogés aussi bien dans leur vision collective que leur rapport intime au travail. Une visiteuse m’a particulièrement marqué en me demandant comment faire pour hiérarchiser les gens sans le salaire…
L’exposition s’organisant autour de cette idée de création commune dans son fond comme dans sa forme, les visiteurs partagent les réflexions des participants., même si les témoignages sont semi-fictionnels. S’appuyer sur l’humain, rend le propos plus touchant, plus complexe et surtout plus perméable.
Je ne fais pas de prosélytisme - ce qui m’est parfois reproché par certains militants - mais cela désarme les plus critiques. Le revenu de base y est évoqué en creux, comme un outil pour réfléchir à une société émancipée du tout économique et redonner leurs valeurs intrinsèques à l’ensemble de nos activités. Ainsi, l’individu n’est plus considéré en travailleur-consommateur, mais peut à nouveau joindre temps de travail et temps de vie pour repenser nos valeurs et nos rapports sociaux.
D.S : Finalement, tu démontres avec ce projet la possibilité qu’activité et rémunération ne soient pas liées. C’est intéressant qu’un artiste pose ce problème alors même que le statut d’artiste est encore davantage considéré par la société comme un état que comme un véritable travail. Activité et rémunération ne vont malheureusement pas toujours de pair dans le milieu très précaire de l’art et les artistes commencent eux aussi à revendiquer un revenu de base…
T.T. : Travail artistique et rémunération sont forcément liés pour moi car je vis de ma pratique sans avoir de travail alimentaire à côté. Cependant, c’est toujours la qualité intrinsèque d’une proposition qui me met en action. Par exemple, je peux passer des heures, voire des jours à travailler sur un projet passionnant qui ne me fera pas gagner un sou. Le tout est de trouver un équilibre pour assurer sa survie.
Cette attitude est extrêmement contradictoire pour moi. Je trouve ça beau de mettre la recherche de sens avant tout mais, dans le même temps, j’enrage de travailler autant en étant le plus souvent si mal payé !
Les institutions ont malheureusement pris l’habitude de ne pas ou de sous payer les artistes pour leur travail, la dénonciation des appels à projet scandaleux et des structures portant ces pratiques commence à faire réagir. Il faut impérativement que les choses changent et pour ça, que les artistes se rassemblent. À l’occasion de la grève générale du 5 décembre un mouvement national ART EN GRÈVE a vu le jour contre la précarité du statut de l’artiste et le refus que ce dernier soit utilisé comme modèle pour le travailleur capitaliste de demain. Je suis très investi dans la branche rennaise du mouvement, nous faisons tout pour maintenir cette cohésion et la renforcer afin que la mobilisation ne faiblisse pas.
Pour beaucoup d’artistes, la mise en place d’un statut proche de l’intermittence ou mieux un revenu de base semble effectivement la solution à la fois pour sortir de la précarité et pour pouvoir se consacrer pleinement à sa pratique.
D.S : L’exposition « Pros du quotidien » au PHAKT - Centre Culturel Colombier est une étape dans ta recherche-action sur le temps libéré. Quelle est la suite ?
T.T. : Je pense prolonger cette recherche. Après analyse des éléments réalisés, j’ai quelques pistes et envies, mais cela va surtout dépendre du contexte, des groupes et partenariats qu’on me proposera. La question du mérite et de la valeur de nos actions a été de nombreuses fois soulevée dans « Pros du quotidien », aussi je travaille déjà en parallèle sur l’idée de méritocratie.
Nous entendons régulièrement parler de méritocratie, or ce terme renvoi pour chacun à des significations très différentes : modèle libéral de justice sociale à la base de la démocratie, volonté d’aller vers une égalité des chances universelle, fiction nécessaire pour maintenir la cohésion sociale ou encore mythe à l’effet nuisible légitimant les inégalités sociétales. L’école est toujours présentée comme comme le cœur de ces questionnements en proposant ce subtil assemblage entre égalité formelle et sélection. Je développe donc une nouvelle recherche-action avec des futurs professeurs étudiant à l’Institut National Supérieur du Professorat et de l’éducation (INSPÉ) de Bretagne. Ensemble, nous utilisons la matière même qu’est l’enseignement comme base de travail pour développer une sociologie-fiction intitulée Les Méritocrates.