Starling Flocks
Starling Flocks, variations**, 2017
Ensemble de 16 sérigraphies en tirage unique, quatre passages en noir et blanc
50 x 65 cm chaque
Vues de l’exposition Vanités, nombrils et autres curiosités, galerie artothèque Pierre Tal Coat, Hennebont
Photos : Armelle Corre
Installation basée sur la combinaison de quatre passages d’encre noire et blanche, cette série reprend les motifs du dispositif de l’installation sonore Starling Flocks.
Comment avec quatre formes et l’association des combinaisons, ces sérigraphies peuvent paraître similaires et à la fois seize fois différentes. La transparence des encres, le tramage des écrans, l’absence de calage des feuilles par rapport aux châssis, et l’ordre de passage établit génèrent une nuée de croix et de points qui se chevauchent, se superposent, s’annulent et se mettent en valeur. Ces éléments combinatoires apportent la variation graphique et la diversité visée.
La sérigraphie est ici abordée sous l’angle de sa fonction de reproduction, sans volonté d’obtenir un multiple à la technique exemplaire, identique du premier au dernier.
Starling Flocks version II, crypte de la ville d’Orsay, 2017
Starling Flocks, version II, 2017
Enregistrement, 6 impressions noir et blanc sur papier (env. 220 x 42 cm), encre sérigraphique phosphorescente, 8
enceintes, câbles, régie son.
Crypte de la ville d’Orsay
Photos : Yuna Amand
STARLING FLOCKS est né en 2008 d’une fascination pour les étourneaux. Spatialisation du mouvement des étourneaux dans le ciel, cette installation tente de transposer un effet visuel en effet sonore. Dans cette seconde version, la dynamique des oiseaux est renforcée mais conserve son déplacement naturel.
L’accroche visuelle est réduite a de simples paysages abstraits. La diffusion sonore, relayée par 8 enceintes, n’est plus
partagée entre panneaux émaillés de haut-parleurs et enceintes, mais uniquement par la diffusion de celles ci. Cette nouvelle
proposition renforce le travail sonore et sa faculté à envahir un espace donné. Le son et l’espace qui le contient sont employés
telle une matière afin de générer une forme plastique singulière.
« Espaces synthétiques et fascinants, les oeuvres de Yuna Amand émanent de différentes recherches consacrées à la transcription et au partage de sensations. Marquée par le ballet hypnotique des étourneaux, l’artiste élabore Starling Flocks (Nuée d’étourneaux), une installation qui, au moyen de plusieurs sources et enregistrements, transpose une impression visuelle en effet sonore. Par métonymie, les oiseaux désormais désignés par leurs sons, occupent progressivement l’espace d’exposition, oscillent entre dispersion et rassemblement. La multitude de battements d’ailes et pépiements contribue alors à créer l’illusion d’un déplacement : une invasion dont la progression crescendo se résout en un brusque retour au calme.(…)
Sans doutes pouvons-nous déceler dans le comportement grégaire des étourneaux une articulation étonnante du hasard et de la régularité, une insertion de l’ordre dans le chaos. En cela, Starling Flocks ravive plusieurs réflexions héritées du romantisme. Les impressions sérigraphiées qui ponctuent les niches de la Crypte prolongent cette filiation en proposant un pendant visuel discret à l’installation sonore. Parmi les croix et ronds qui les composent, se dessine un paysage fragmenté, un horizon où le regard se perd alors que l’attention se concentre davantage sur les variations acoustiques. » Remy Albert
Starling Flocks, 2009
Enregistrement, impression sur vinyle transparent, 4 panneaux d’acier galvanisé, haut-parleur, enceinte, câble, régie son
Vues de l’exposition au Centre d’art Passerelle, Brest et au Centre Culturel du Colombier, Rennes
Photo : Yuna Amand / Nicolas Ollier/ Mathieu Harel-Vivier
Voir une documentation filmée de l'installation
Évoquant tour à tour le mouvement des vagues ou les souffles d’une circulation aéroportuaire, le son de l’installation synesthésique de Yuna Amand semble familier tout en restant inidentifiable.
Est-ce le bruit du vent dans les arbres, ou du passage d’engins à grande vitesse ?
Cela ne se révèle pas non plus apaisant, mais plutôt oppressant… Il est assez déconcertant d’osciller ainsi entre une interprétation naturaliste ou artificielle.
Une chose est sûre : le son tournoie autour de nous dans l’espace d’exposition, s’amplifie petit à petit, jusqu’à devenir presqu’assourdissant, puis disparaître brutalement avant la prochaine vague sonore. Le piaillement des oiseaux nous fournit un indice appréciable. Flux et reflux, le son se déplace comme une vague d’oiseaux aux ailes bruissantes ! Le titre Starling Flocks signifie précisément ‘Vols d’étourneaux’.
Malgré son origine naturelle, il n’y a rien de bucolique dans cet enregistrement sonore car la densité parasitaire est corporellement difficile à soutenir.
Incrustés dans une sorte de cimaise métallique, les haut-parleurs aimantés prolifèrent en formations compactes, dans un enchevêtrement de câbles, de points et de croix noirs. Associés visuellement à ce langage binaire, ils matérialisent les nuages d’oiseaux : les haut-parleurs restituent littéralement, par le son et le volume, la présence oppressante des nuées d’étourneaux.
Enregistrés à la tombée du jour, à l’heure où ils se rassemblent pour la nuit, les étourneaux donnent l’exemple d’une société de masse, organisée selon un strict mimétisme : ils répondent à des stimuli collectifs, allogènes comme endogènes, qui commandent leurs comportements, activés pour la survie de l’espèce. Les étourneaux sont considérés comme des parasites, classés nuisibles par l’office de surveillance du territoire. En effet, leur excessive massification entraîne des comportements décalés de consommation et de pillage des ressources vivrières, notamment des productions agricoles.
Métaphore inversée de notre relation à la nature, Starling Flocks révèle la part ténébreuse, officiellement considérée comme parasitaire, d’une massification exagérée des modes de vie et ce, même de la part d’une espèce sauvage.
Anne-Laure Even, texte paru dans la revue Laura, n° 8, 2009-2010
L’auteur est membre du groupe Laura où elle a à son actif plusieurs textes publiés.
Lien sur la revue LAURA + Lire le texte de Tiffany Kleinbeck “YUNA AMAND : DANS LES MEANDRES DE LA PERCEPTION”