Lors de sa résidence à la Galerie du Dourven, Gabrielle Herveet s’est intéressée à la mécanique du paysage. Elle s’est interrogée sur les différentes temporalités et entités cohabitant dans le parc du Dourven et son rivage. Elle y a cherché des répétitions, des ensembles, des logiques,ce qui sculpte et ce qui délite. Elle a pensé le paysage en durées et en mouvements. Sans relâche, elle s’est attachée à inventorier par le dessin, la collecte d’objets et la photographie ces formes naturelles qui témoignent du passé et de la longue histoire du lieu : les paléorivages fossiles, les arbres, les cristaux (…).
« Tout a commencé par un arpentage systématique de l’estran, à différents moments de la journée, différents moments de la marée. J’ai fait miennes les formes et les roches des grèves du Dourven, en photographiant des éléments organiques ou minéraux, liquides ou cristallins, solides ou vaporeux. Je cherchais des matières âgées de millions d’années, des calendriers de roches, des échelles de temps géologiques : ici un morceau d’Ère Primaire, là du Quaternaire ; des roches plutoniques érodées par l’atmosphère ou des sables éoliens ramenés par les vents glaciaires. » G.H.

Si cette histoire nous est accessible grâce à une lecture scientifique, géologique, botanique, hydrologique, Gabrielle Herveet en propose une interprétation éminemment poétique, à travers une série de sculptures et de dessins issus des éléments qu’elle a prélevés sur l’estran et dans le parc. Ils constituent des rêveries géométriques, mathématiques, géographiques, offrant des mesures de temps et d’espace, des échelles, des plans, des cartes, des calendriers, des cadrans solaires, cependant tous dépourvus de leur finalité fonctionnelle. Ne subsistent que des formes lacunaires, détachées, parcellaires, flottantes, résiduelles.