Gabrielle
Herveet

NEW . 26.02.2025

Rêveries de rivières

2024
Cette série interroge nos liens au paysage, celui que l'on habite et qui nous habite

Devenir sirène, mémoire du Dourven, 2024
Tissus, moules sauvages, colle

Pendant ma résidence au Dourven à l’hiver 2022, j’ai ramassé des coquilles de moules sauvages
sur une grève secrète. Elles sont plus pâles et nacrées que celles du Trieux. Elles me rappellent le Dourven et se souviennent de l’eau par laquelle elles ont grandi.
Devenir Sirène parle de transformation, elle est comme une mue que l’on peut porter.

S’endormir dans les millénaires, 2024
Drap de sac de couchage en soie, colle, coquilles de Steromphala Pennanti, Phocus Linecetus, Calliostoma Zizyphinum, Gibbula Magus, Steromphala Umbilicalis, mododontes sauvages de la grève de Bodic, Trieux, 60 x 190 x 3 cm

Ces coquillages ont été ramassés sur les rives du Trieux, à la grève de Bodic.
Leurs espèces ont une très longue histoire, bien plus ancienne que la notre. Ils comptent le temps depuis leurs apparitions il y a des millions d’années. Ils gardent dans leur coquilles des bulles d’oxygènes, de l’air de leur temps de croissance. Ils mesurent le climat, leur aires

d’habitat se déplaçant selon les variations de la température ambiante. Là, ils vivent près de moi, mais peut être sont-ils voués à disparaître.
S’endormir dans les millénaires c’est se couvrir de leurs histoires, de leurs temps, rêver au passé et au futur.

En novembre je rêvais d'Océan, 2024
Table, ardoise, colle

En novembre je rêvais d’océan est une table recouverte de fines feuilles de schiste. Ce schiste provient d’une très ancienne toiture d’ardoises, celle de l’endroit où je vis actuellement en Bretagne. Les siècles passant, par l’action de l’atmosphère, elles se sont décomposées en fines feuilles irisées, comme si la pierre redevenait vivante. Ces fines écailles ont été collées une à une, pendant des semaines.

Le schiste réagit à la lumière comme le fait le plan de l’océan : selon l’endroit, l’intensité, et la nature de l’éclairage, la surface d’En novembre je rêvais d’océan est bleue, métallique, grise, noire. Le spectateur, en tournant autour, fait jouer les rayons lumineux et créé des paysages maritimes changeant, comme lorsque l’on regarde la mer à perte de vue, et que les nuages défilent au dessus.

Cette table agît comme un petit morceaux de mer agîtée, que l’on peut garder dans une maison. Elle parle de l’infini répétitif des houles, des infinis mathématiques, des fragments de paysages disparus.

Elle a été faite en Novembre, elle est autobiographique : Novembre, le mois des tempêtes en Bretagne, est un mois océanique, où nos pensées se couvrent d’embruns, de sels, et de vagues.

Je pensais à l’Océan, à sa beauté, et je posais les fines ardoises, pour mettre en mouvement une table qui ainsi devient entité, présence, agitée d’ondes .

La table est une vieille table récupérée, une sorte d’épave, tout comme les ardoises sont des résidus : je voulais utiliser des ruines de nos sociétés, des matériaux qui ont déjà eu une vie fonctionnelle avant d’être objets en mouvement.