Le ridicule ne tue pas, bien au contraire. Hilary Galbreaith emploie le burlesque et l’amateurisme comme des armes critiques et politiques. L’artiste s’inscrit dans un héritage artistique où l’underground expérimental s’hybride avec les cultures punk, féministes et queers. Ses œuvres protéiformes, à la croisée de l’installation, de la peinture, de l’écriture ou encore du son, manifestent une pensée liminale, fluide, volontairement trouble et nécessairement non binaire. Il s’agit alors pour l’artiste de démonter les systèmes de pouvoir - les uns après les autres. Conscient.e de l’imbrication de ces arcanes (racisme, sexisme, classicisme, colonialisme, capitalisme, hétéronormativité, fascismes, nécropolitiques, […]
Le ridicule ne tue pas, bien au contraire. Hilary Galbreaith emploie le burlesque et l’amateurisme comme des armes critiques et politiques. L’artiste s’inscrit dans un héritage artistique où l’underground expérimental s’hybride avec les cultures punk, féministes et queers. Ses œuvres protéiformes, à la croisée de l’installation, de la peinture, de l’écriture ou encore du son, manifestent une pensée liminale, fluide, volontairement trouble et nécessairement non binaire. Il s’agit alors pour l’artiste de démonter les systèmes de pouvoir - les uns après les autres. Conscient.e de l’imbrication de ces arcanes (racisme, sexisme, classicisme, colonialisme, capitalisme, hétéronormativité, fascismes, nécropolitiques, patriarcat, etc.), Hilary Galbreaith visibilise les mécanismes et les rouages de ces machines idéologiques de manière joyeuse et intersectionnelle.
L’artiste développe des documentaires expérimentaux où la vidéo, la performance (notamment la mise en scène de soi et des communautés concernées) et l’installation, lui permettent d’allier réalité et fiction. Le documentaire expérimental est un territoire sans frontières, sans normes et sans règles. Hilary Galbreaith pense les projets à partir d’histoires et d’événements documentés, tout en y infiltrant d’autres formes narratives comme la (science) fiction et l’auto-fiction. Iel écrit : “Ces dernières années, l’accélération du changement climatique, le bellicisme et la montée effrayante de l’extrême droite dans de nombreux pays d’Europe et d’Amérique, m’ont amené.e à remettre en question le rôle prédominant de la fabulation SF dans mes œuvres. Rien de ce que je pourrais inventer ne semble plus étrange ou pertinent que ce qui arrive actuellement à notre planète.” En visibilisant et en dé-silenciant des histoires considérées comme mineures, Hilary Galbreaith éclate le récit dominant en y introduisant les luttes féministes, queers, décoloniales, écologiques, classistes. Avec la volonté ferme de déhiérarchiser la communauté des terrestres, iel embrasse les relations humaines et plus qu’humaines, remplit de joie, de dignité et de fierté les corps de celleux qui se refusent d’être cantonné.es aux minorités, aux binarités et aux assignations. L’artiste retourne les mythes fondateurs du récit dominant - puissant générateur d’aliénation, d’oppression et de mort - pour chanter, représenter, incarner et propager d’autres modèles d’identification, d’autres modes de vies, d’autres manières de voir, de goûter, de penser, de faire société, d’être au monde - joyeusement - horizontalement - bizarrement - collectivement.
Julie Crenn, 2024