Qui n’a jamais rêvé qu’une présence hostile, monstrueuse, indéfinie, venait perturber son quotidien ? Qui ne se rappelle avoir ressenti, étant enfant, une angoisse paralysante devant l’ombre inconnue dessinée par un meuble de la chambre ? C’est un souvenir de ces peurs enfantines qui se lève en nous lorsque nous regardons ces images transformées. S’y projettent aussi nos angoisses diffuses d’adultes. A moins qu’il ne s’agisse de l’inconscient, masse non maîtrisée, avec lequel chacun, adulte ou enfant, se débat ? La richesse d’une image se juge à la diversité des interprétations qu’elle suscite ; et sans doute celles-ci […]
Qui n’a jamais rêvé qu’une présence hostile, monstrueuse, indéfinie, venait perturber son quotidien ? Qui ne se rappelle avoir ressenti, étant enfant, une angoisse paralysante devant l’ombre inconnue dessinée par un meuble de la chambre ? C’est un souvenir de ces peurs enfantines qui se lève en nous lorsque nous regardons ces images transformées. S’y projettent aussi nos angoisses diffuses d’adultes. A moins qu’il ne s’agisse de l’inconscient, masse non maîtrisée, avec lequel chacun, adulte ou enfant, se débat ? La richesse d’une image se juge à la diversité des interprétations qu’elle suscite ; et sans doute celles-ci détiennent-elles aussi leur part de malice et de jeu. Détourner les images -procédé toujours cher à Mathieu Renard - est une invitation à les relire. Les photographes du régime stalinien effaçaient les personnages politiques jugés gênants ; ici le processus est inverse, les formes noires s’invitent, pour mieux en souligner l’esthétique figée, conformiste, ou pour rendre ridicule et brocarder leur sujet, comme sur cette reproduction photographique représentant la statue gigantesque de Kim Il Sung, devant laquelle se prosterne respectueusement une foule.