Entre itinéraires bis et parcours de réseaux secondaires, ma culture de l’urbain et mes liens avec ses cultures souterraines m’ont amené à penser la ville post-moderne comme terrain de jeu, espace propice à la mise en épreuve de théories et pratiques de résistance politique et culturelle. M’appuyant sur une expérience du déplacement sous la forme d’allers-retours, j’étudie des cas urbains précis qui, mis en perspective, dépassent leur propre histoire pour toucher à celle de la ville contemporaine en général. Mes recherches actuelles sont orientées vers les villes nouvelles et les écoquartiers, bassins qui cristallisent nombre de phénomènes (rapports au politique et à la planification urbaine, paysages en […]
Entre itinéraires bis et parcours de réseaux secondaires, ma culture de l’urbain et mes liens avec ses cultures souterraines m’ont amené à penser la ville post-moderne comme terrain de jeu, espace propice à la mise en épreuve de théories et pratiques de résistance politique et culturelle.
M’appuyant sur une expérience du déplacement sous la forme d’allers-retours, j’étudie des cas urbains précis qui, mis en perspective, dépassent leur propre histoire pour toucher à celle de la ville contemporaine en général. Mes recherches actuelles sont orientées vers les villes nouvelles et les écoquartiers, bassins qui cristallisent nombre de phénomènes (rapports au politique et à la planification urbaine, paysages en chantier permanent, dimension fictionnelle), et dont la lecture nous offre la potentielle image d’une époque, de ses systèmes, ses évolutions et les dysfonctionnements institutionnels qui l’habitent.
En parallèle, j’accompagne et documente les pratiques et tactiques de déploiement de cultures alternatives agissantes au sein de ces espaces urbains. Par leur manière radicale de se ré-approprier et d’habiter le tissu urbain, en fin de compte de « faire avec », ces pratiques éprouvent et authentifient un milieu, révèlent des possibles et mettent en place, en actes, leurs conditions d’accès. À travers une philosophie pensée comme procédure quotidienne, infiltrant le réel et évoluant dans une relation contrariante avec l’aménagement des territoires et leurs administrations, elles reformulent les questions : « Qu’est-ce qu’une ville ? Selon qui ? ».
L’anticipation, le décalage et la malice qu’amènent ces tentatives, toutes autant illicites que légitimes, exposent un panorama de nouvelles façons d’appréhender l’espace urbain et peuvent nous fournir une grille de lecture alternative à son devenir. Ces expériences, bien qu’elles correspondent peu aux cadrages des politiques culturelles en place, interpellent sur la manière dont s’activent et se renouvellent des formes artistiques à l’heure d’une mise en avant par les institutions d’une fiction collective autour d’un urbanisme participatif qui se cantonne dans les faits à une forme passive. Face aux phénomènes d’instrumentalisation des scènes dites « off » dans l’optique d’une pacification et d’une régulation de l’espace public, il semble essentiel de mettre en lumière les protocoles que ces pratiques convoquent pour « rester politique ».
Inscrit sur le long terme, dans une dimension immersive, collective et pluridisciplinaire, mon processus de production s’appuie sur un sens pratique de l’autonomie, où la notion de veille occupe une place essentielle. La recherche, l’enquête, la collecte et le montage sont mes modes d’action pour suivre les bruits d’une époque, dont je tente de rendre compte à travers un témoignage protéiforme et la distance d’un regard critique. J’accorde autant de vivacité à aller chercher et vivre des expériences de terrain, analyser les phénomènes qui s’y déploient, qu’à articuler des formes. Derrière chaque situation se déploie un bruit qui me semble nettement plus fort que n’importe quelle image.