La maison existante est le cabanon d’un ethnologue français ayant travaillé pendant 40 ans dans ce village. Il y venait régulièrement l’été avec son jeune fils.

« Le problème ici est que le « permafrost » est très proche de la surface du sol et que nous ne pouvons rien fonder, seulement poser et charger. En même temps cela nous donne d’autres libertés, nous pouvons construire très vite et tout déplacer »

La maison a été déplacée pour l’agrandissement de l’église. Elle est située à la sortie du village sur la route allant vers la décharge. L’extension et la réhabilitation de la maison ont été réalisées à partir de matériaux récupérés sur place ; que ce soient les triples vitrages, le bois de structure, l’isolation ou les panneaux de contreplaqué. Les panneaux solaires ont été offerts par des artistes de passage. Le container tient le rôle d’un grenier, d’un garage ou espace de bricolage.

« Nous avons aimé faire les plans de l’extension avec les architectes mais nous avons trouvé des matériaux qui nous ont imposé les volumes et les fenêtres. Nous avons vu directement avec le maire pour modifier le projet, c’était plus simple. »

L’assainissement consiste en un réservoir de 1000 L, vidé régulièrement par un camion-citerne qui tourne 24 heures sur 24 dans le village. Le chauffage est assuré par un poêle à bois. Il va être remplacé par un poêle à huile, suite à des plaintes de voisins inuit trouvant l’odeur du bois brulé trop proche de l’odeur de la décharge. 

« L’aménagement de la salle de bains et de la cuisine, imbriquées, nous permet également de gagner de la place. Nous l’avons réalisé conformément aux plans ! »

Les inuit sont passés au 20ème siècle directement, de la maison ronde équipée de portes de peaux et de hublots de glace à la maison carrée aux murs et portes en bois, venue du Sud.

« Nous respirions tous le même air dans les igloos alors que maintenant nous nous sentons enfermés séparément dans des grandes chambres où nous ne partageons plus rien. Nous n’avons jamais fermé nos maisons à clefs, ici tout le monde passe chez tout le monde. Nous ne frappions pas sur les peaux, ici il n’y a que la police qui frappe aux portes.».

Ces maisons même si elles sont chauffées et isolées, n’ont pas d’espaces nécessaires au dépeçage des ours, des phoques, des narvals, des oies ou au fumage des ombles et traitement des peaux.

« Nous avons construit des petites cabanes à partir des caisses de bois trouvées à la décharge. Ce sont les emballages du matériel chargé sur le porte-container qui passe une fois par an en septembre. Ces abris installés sur la plage protègent le matériel de chasse, de pêche et le moteur. Les chasseurs ont souhaité ajouter un cadenas aux portes. Elles peuvent être remorquées et déplacées au fil des saisons de pêche et de chasse »

Le plan masse de l’ensemble du rivage n’est donc que provisoire et change d’une saison à l’autre.