Texte de présentation du Journal : 

L’Imagerie est installée dans un vaste bâtiment, le Centre Savidan, ancienne quincaillerie transformée en centre culturel dans les années 1970. Suite à la dégradation de l’état du site, les associations et syndicats qui occupaient les étages ont progressivement été relogés dans les années 2010 et la salle de conférence a été fermée au public. Il est désormais prévu que le bâtiment soit démoli pour laisser place à de futurs logements, tandis que L’Imagerie va déménager dans un nouveau lieu dans les prochains mois. En mai et juin 2023, l’artiste Clémence Estève a été invitée pour donner la parole aux usagers du Centre Savidan avant sa disparition, afin de retracer son histoire et de récolter la parole de celles et ceux qui l’ont fréquenté ou le fréquentent encore. Il s’agissait de conserver la mémoire de ce bâtiment emblématique de la vie culturelle et associative à Lannion, mais aussi de donner forme à ces souvenirs. L’histoire du lieu est complexe. Il a abrité un hôtel, une quincaillerie en gros, un centre culturel, les archives municipales, et a accueilli des expositions, des projections de films, des spectacles d’écoles, des concours de canaris, des assemblées générales d’associations… Le projet de Clémence Estève a donc réuni un public varié, rassemblé autour des liens que chacun·e avait avec le Centre Savidan : des agents municipaux qui y ont travaillé, des visiteur·se·s des expositions de L’Imagerie, des membres d’associations, des adolescent·es qui mangent leur sandwich le midi aux pieds des cactus plantés dans le patio, des résident·es en EHPAD qui ont connu la quincaillerie Rolland-Frères quand elle était en activité, etc. Après une première phase de récolte (de récits et de documents d’archives), ces éléments ont servi de supports pour des ateliers de pratique artistique. Des objets abandonnés dans les espaces inoccupés ont été collectés puis photographiés dans un studio mobile, certain·es ont voulu garder la trace de fragments architecturaux, d’autres se sont photographié·e·s dans le lieu avec des chaussettes conçues par l’artiste, illustrées de motifs tirés des récits recueillis lors des premières séances. Tous ces éléments ont fait office de prétextes pour s’emparer des témoignages des autres et pour poser un nouveau regard sur le bâtiment. Cette diversité a modelé et remodelé le projet au fur et à mesure, faisant de celui-ci un espace de rencontre et de dialogue, d’écoute et de discussion, entre les participant·es, leurs souvenirs et un lieu en constante métamorphose