Jean-Yves
Brélivet

12.10.2022

Textes
critiques

Texte critique

Cure de Jouvence

« J’aime sculpter les phrases » 1 Personnage familier du bestiaire de Jean-Yves Brélivet, le lapin évoque irrésistiblement l’œuvre de Lewis Carroll, Alice au Pays des Merveilles. Revêtu d’un costume quasi ecclésiastique, celui de Les Sorties de chapeaux décoiffent (série Les Animaux nous consolent), paraît incarner à la fois l’auteur, le Révérend Charles L. Dodgson, et ses créatures, que ce soit le lapin blanc pressé, ou ce fou de lièvre de mars, tous deux doués d’un …

Portrait filmé

2020
Réalisation : Margaux GermainProduction : Documents d’Artistes Bretagne - 2021

Mots clés

Dérision Critique Ecologie Humour Animal

Champs de réfences

Dés la préhistoire, l’animal a la part belle au chapitre des icônes.
Evidemment, les animaux m’aimantent, qu’ils soient vrais, faits main ou pure vision
d’esprit. Ils me sautent à la figure. Je suis comblé par leurs parcours dans l’histoire de l’art.
L’animal a vraiment « travaillé » l’homme.
Vu la variété des espèces, entre celles qui apparaissent et celles qui meurent chaque jour, je vais me limiter à cibler l’oiseau.

Quand Giotto peint « St François d’Assise apprenant à chanter aux oiseaux », l’œuvre est audiovisuelle, le silence vibre.
Avec Synders «  les concerts d’oiseaux » tombent dans la cacophonie. Ils chantent forts et faux de toute évidence.
Pour « bird », David Hammons télescope un saxo et une pelle, ça ne manque pas de souffle !
D’autres oiseaux délaissent le classique pour la guitare électrique, en sautillant sur les cordes. Ce sont ceux de Céleste Boursier Mougenot, avec un tel prénom, ils ne peuvent que répondrent présents.
Après avoir étudié le principe de l’aile, Léonard de Vinci se lança dans l’étude des premiers engins volants.
En transformant un oiseau en fusée, Brancusi met l’art contemporain sur orbite.
Rebecca Horn, avec ses dispositifs mécaniques concrétise les battements d’ailes.
Alexandre Calder développe ses oiseaux de jeunesse en mobiles.
Chez René Magritte, l’aigle, le roi des cieux, affirme sa puissance en devenant montagne.
Question puissance, l’aigle de Gary Hill mixé avec un pylône électrique envoie une bonne décharge.
Certains oiseaux de Jérôme Bosch font du bouche à bouche aux humains, ou s’échappent à tire d’ailes de leurs anus.
Les nids sado maso de Wim Delvoye ouvrent la voie au voyeurisme.
Paul Klee représente rarement cet animal, mais la sonorité de son œuvre le rend omniprésent.
Duprat et Pénone le touchent aussi du doigt sans qu’il soit là.
Les oiseaux de Jean Luc Mylayne apparaissent dans le champ photographique par chance, avec un sens inné de la composition.
Le paon de Albrecht Durer à l’aquarelle promène son biotope sur la tête.
Le squelette d’oiseau réalisé en rognures d’ongles d’Hakinson nous accroche.
Le chardonneret de Fabritius enchaîné à une patte, pose la question : pourquoi ?

Tous les oiseaux me fascinent, l’un d’eux m’interpelle à répétition : le perroquet.
Avec ses dispositions au dialogue, le perroquet déborde d’attentions.
A portée d’oreilles, à portée de mains, certains indiens s’en prennent même à sa couleur.
Ils pratiquent une méthode radicale : le tapirage.
Il s’agit de plumer entièrement un perroquet vivant.
En frottant son épiderme à vif d’une mixture de crapaud.
Son plumage repousse éblouissant aux goûts des dieux.
Le jaune, couleur solaire très recherchée, a beaucoup torturé.

Jean-Yves Brélivet, 2009