Marcel Dinahet, à l’origine, est un sculpteur et, à bien des égards, il l’est resté. Dès 1986, il immerge des objets confectionnés ou de simples galets, puis les filme et les photographie en plongée. Le geste du sculpteur, qui s’applique aux contours, c’est-à-dire aux limites des matériaux, il le convertit à présent en un mouvement du corps tournant autour d’un axe central et dote ainsi l’espace d’une dimension temporelle, celle de la durée du film. C’est désormais la caméra qui saisit et qui enregistre ce point de jonction entre l’eau et l’air, entre la terre et l’eau, entre la terre et l’air. Moins que le paysage, c’est la nature […]
Marcel Dinahet, à l’origine, est un sculpteur et, à bien des égards, il l’est resté. Dès 1986, il immerge des objets confectionnés ou de simples galets, puis les filme et les photographie en plongée. Le geste du sculpteur, qui s’applique aux contours, c’est-à-dire aux limites des matériaux, il le convertit à présent en un mouvement du corps tournant autour d’un axe central et dote ainsi l’espace d’une dimension temporelle, celle de la durée du film. C’est désormais la caméra qui saisit et qui enregistre ce point de jonction entre l’eau et l’air, entre la terre et l’eau, entre la terre et l’air. Moins que le paysage, c’est la nature même de son geste que Marcel Dinahet interroge. Que cela rencontre le réel et les soubresauts du monde ne fait qu’ajouter à l’ambition de cette œuvre si immédiate et si simple en apparence ; mais l’univers portuaire, dans Les Flottaisons par exemple, échappe constamment à la seule dénotation documentaire pour basculer dans la désignation de ce dont l’image est faite : la matière saisie dans le temps même de son inscription
L’idée de la frontière et de l’interface, qui est au cœur de la sculpture, s’élargissant à présent à la dimension géographique et politique, constitue à la fois le pivot, le sujet, le site et la matière de la plupart des vidéos récentes de l’artiste, qu’elles soient tournées au Pays Basque, en Russie, à Taiwan ou sur la côte atlantique.
Jean-Marc Huitorel
Ces lignes sont extraites d’un texte présentant les œuvres de Marcel Dinahet acquises par le Frac Bourgogne en 2003 et publié sur son site Internet à la rubrique “Collection” “L’album”.