Artcheval
Même si le cheval a quitté notre environnement immédiat, sa représentation n’en reste pas moins omniprésente. L’artiste plasticien, danseur et performeur Damien Rouxel nous rappelle à quel point l’image de cet animal nous est familière. Des anciens papiers peints, aux puzzles en passant par le jeu des petits chevaux, le quadrupède a toujours, plus ou moins consciemment, fait partie du décor.
Le paroxysme de cette représentation est celle du bibelot, dont l’artiste se souvient chez sa grand-mère. Damien Rouxel nous propose en introduction de son installation pour Artcheval 2021 un musée du kitsch dans lequel les chevaux en céramique portent le nom de grands chevaux racés. Licorne ou cheval de trait peu importe, l’artiste offre une définition facétieuse et enfantine de l’animal.
Puis le performeur se met en scène dans des photographies oniriques. Métamorphose troublante. Centaure, cavalier de l’apocalypse ou Pégase, le cheval dans toute sa puissance allégorique est interprété par l’artiste. Adepte du travestissement, pour Damien Rouxel la vie se lit à travers l’autre et son incarnation.
La dernière œuvre de l’installation est une vidéo d’une performance dansée. L’intrigue se situe en partie dans des manèges ou des écuries. « Le Cheval marche sur les pointes. Quatre ongles le portent. Nul animal ne tient de la première danseuse, de l’étoile du corps de ballet, comme un pur-sang en parfait équilibre » écrivait Paul Valéry au sujet des chevaux peints par Degas. C’est ici que commence la grande illusion. L’artiste nous plonge dans une semi réalité, faites de créatures hybrides que nous avons finalement peut-être entièrement inventées. Le souffle accompagne les gestes chorégraphiés d’un être à la grâce mystérieuse. Sommes-nous sûr qu’il s’agit d’un cheval ? Son cavalier ? La nuance se fait infime, puis inexistante.
Avec son œuvre, Damien Rouxel nous pose la question de la liberté : celle d’être un autre, celle de se soustraire à une certaine définition de la réalité.